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Chapitre 5 de la Longue nuit, l'aventure d'Éric Balmuth, anciennement publié sur Atramenta, un anti-héro victime d'un tremblement de terre de dimention mondiale.
Combien parviendront à survivre sans perdre leur humanité ?

Le couvercle - Chapitre 5

   Le petit matin blême me trouva recroquevillé entre mes couvertures, flottant entre les eaux glauques d’un réveil nauséeux, trop hébété pour m’étonner encore des grondements spasmodiques des entrailles terrestres. Le vent s’était levé au milieu de la nuit, un vent du diable dont les longs et sinistres hurlements vrillaient le cerveau et déchiraient les tympans. Lentement, au prix d’un effort qui me sembla surhumain, je me remémorai la suite d’événements qui m’avait fait échouer ici. Quel jour étions-nous ? Je tentai de rallumer mon téléphone mais un bip moqueur m’indiqua que la batterie était à plat.

   « Mardi, pensai-je. Nous sommes mardi. Il ne faut pas que je perde le décompte des jours. »

   Dehors, le vent redoublait de fureur. Ses coups de boutoir faisaient trembler l’abri de tôle et de planches dans lequel nous avions trouvé refuge. Je ne sais pas pourquoi, mais j’étais incapable de me raccrocher à autre chose qu’à cette priorité abstraite : ne pas perdre le décompte des jours.

   Je suis resté longtemps prostré, pelotonné dans ma propre chaleur, comme un animal au fond de son trou. Soudain, la porte s’est ouverte violemment. Une bourrasque a balayé la cabane. Je me suis extirpé laborieusement de mes couvertures et je suis sorti. Luttant contre le vent, j’ai parcouru quelques mètres jusqu’à une brèche du mur d’enceinte de la propriété. Le paysage était gris, vaguement nébuleux. Dans les fossés, les roseaux ployaient à se tremper l’aigrette dans l’eau, les saules se balançaient furieusement. Des branches épaisses comme ma cuisse étaient cassées et emportées. Le vent charriait non seulement du sable et des branchages, mais aussi toute une panoplie de débris improbables, des parcelles de civilisation arrachées aux maisons, aux véhicules, aux entrepôts, aux usines. Des journaux, des cartons, des emballages, des bouteilles plastiques, des jouets, des morceaux de ferraille de toutes tailles, de toutes couleurs, de toutes provenances, des lames de bois, des panneaux… Je vis même, ce jour-là, la carcasse d’une caravane qui rebondissait avec fracas dans un champ en contrebas. Tournoyant comme un gyroscope affolé, elle passa à cent de mètres de la maison avant d’aller s’encastrer contre une paire de poteaux électriques qui s’affaissèrent…

   Que dire du phénomène, tout aussi spectaculaire, qui se déroulait au-dessus de ma tête ? Je suis resté un long moment le nez en l’air, à contempler les étranges nuées aux formes fantasmagoriques qui se déroulaient d’ouest en est. Les propos de Dulong me revenaient en mémoire : le couvercle. J’étais en train d’assister à l’installation du couvercle qui allait plonger la planète dans une obscurité pour une période indéfinie.

   Je suis incapable de dire combien de temps je suis resté planté là, abasourdi, contusionné, n’en croyant pas mes yeux. Quelques cailloux ont roulé au-dessus de ma tête. J’ai eu la présence d’esprit de me jeter en arrière : une nouvelle portion de mur s’est écroulée dans un fracas de poussière aussitôt emporté par les rafales.

   Je me suis ébroué et j’ai battu en retraite vers l’abri de jardin. J’ai barricadé soigneusement la porte, recréant un calme relatif. Repliée en chien de fusil dans son duvet, Adèle dormait toujours. Je me suis approché. Elle grelottait, ses joues étaient écarlates, sa respiration sifflante. De minuscules gouttes de sueur perlaient à son front. Je l’ai secouée doucement. Elle a entrouvert les yeux, elle a jeté un regard perdu sur les planches du mur. Et puis une quinte de toux l’a pliée en deux, privée de forces.

   J’ai employé ma matinée à diverses tâches.

   Tout d’abord, braver à nouveau la tempête et les secousses pour aller chercher des vêtements chauds. Ensuite, redescendre une paire de matelas de la vieille demeure. La cabane de jardin m’apparaissait encore comme l’endroit le plus sûr à notre disposition. Le couchage installé, je suis retourné dans la salle de bain du rez-de-chaussée pour en ramener la pharmacie. J’ai attrapé Adèle à bras le corps, je l’ai assise sur son matelas et, soutenant sa tête, je l’ai forcée à avaler plusieurs cachets contre la fièvre. Elle était trempée. Je l’ai changée puis allongée sous plusieurs épaisseurs de couvertures et bordée soigneusement pour l’immobiliser. Elle respirait calmement, presque apaisée. Elle s’était à peine réveillée.

   J’ai pu alors me consacrer au calfeutrage de la cabane en glissant des feuilles de journaux entre les interstices. Et puis, armé de sangles, je suis sorti une nouvelle fois dans la tempête pour amarrer les murs aux arbres voisins. Les bourrasques étaient si violentes que, par moment, j’étais littéralement soulevé du sol comme un vieux chapeau. À peine ce travail fut-il terminé que, dans un immense craquement, le marronnier que j’avais choisi comme point d’ancrage, s’est affaissé lentement, emprisonnant la cabane dans un amas indescriptible de branches cassées. D’ailleurs, tous les marronniers de l’allée s’inclinaient les uns après les autres. Au moins, dans cet étau, la cabane ne risquait plus de s’envoler. Me frayant un chemin dans la forêt de branches, j’ai réussi à atteindre la porte, l’écarter suffisamment pour me glisser à l’intérieur, la refermer à coups de pied et la bloquer avec une planche. Je me suis assis sur mon matelas, enroulé dans une couverture. Recroquevillée sur le sien, Adèle n’avait pas bougé d’un pouce.

   Notre vie s’est organisée tant bien que mal sur les dix mètres carrés habitables dont nous disposions, rythmée par les secousses qui s’espaçaient, par les séances de soins, ou par les repas frugaux que je m’accordais. À l’aide de quelques parpaings et d’une vingtaine de lames de bois, je parvins à nous confectionner des sommiers de fortune. Sur le même modèle, je réalisai des étagères sur lesquelles s’alignèrent nos maigres provisions et une table basse sur laquelle je prenais mes repas.

   Adèle dormait continuellement. Un sommeil souvent agité, entrecoupé de brefs instants de délire. Elle se redressait alors, hagarde, les yeux enfiévrés avant de retomber en léthargie. Le coup de froid n’était pas le seul responsable de son état. Le trauma et l’enchaînement violent des événements de ces trois derniers jours l’avaient éprouvée bien au-delà de ce qu’elle avait consenti à montrer.

   Parfois, pendant la journée, je m’absentais pour aller prendre l’air. Je faisais quelques pas au milieu des bourrasques, contemplant le ciel, notant mentalement les bouleversements qui affectaient notre environnement. J’ai passé aussi de nombreuses heures à balayer, dans un sens puis dans l’autre, la gamme des ondes sur un poste radio à piles déniché dans la grande maison. En vain. Peu à peu je finissais par admettre comme recevable, puis comme probable, enfin comme certaine, l’hypothèse de Dulong. Je ne doutais plus que le pays entier fût à l’image de Saint-Laurent, un champ de ruines balayé par les vents. J’avais temporairement renoncé à l’idée de voir arriver les gyrophares des ambulances et les camions rouges des pompiers. Nous étions bel et bien livrés à nous-mêmes pour un temps indéfini, et la solution qui m’apparaissait comme la plus sage était désormais de laisser passer la tempête en attendant un semblant de réorganisation.

   Dois-je décrire mon soulagement lorsque, après trois jours, la fièvre d’Adèle sembla s’atténuer ?

   Je n’oublierai pas son premier vrai moment de lucidité. Elle se redressa à demi, regarda autour d’elle, les yeux vagues, agrandis d’étonnement, la respiration sifflante. Visiblement elle ne reconnaissait pas l’endroit. Mais lorsqu’elle m’aperçut, penché sur elle, son visage se détendit. Sa main agrippa la mienne. Elle se laissa retomber, ferma les yeux. Je restai longtemps à son chevet, observant sur ses traits le sourire qui s’évanouissait lentement avant d’oser desserrer avec d’infinies précautions l’étreinte de ses doigts.

   Pendant ce temps, dehors, plusieurs transformations avaient affecté le climat, l’atmosphère et surtout le moral des milliards de survivants terrés comme nous au fond de leurs abris. Il n’est peut-être pas inutile, dans un premier temps, de revenir en arrière, à ce fameux matin du samedi précédent, à l’heure H du jour J.

   Aujourd’hui l’ensemble de la communauté des Survivants semble avoir admis l’hypothèse de la collision accidentelle comme mythe fondateur du Monde Nouveau, même si cela n’a jamais pu être prouvé formellement. Où se serait écrasé l’astéroïde ? Pas en Europe occidentale, c’est sûr. Les plus crédibles situent ce point en Amérique ou bien en plein Océan Pacifique… Enfin bref, toujours est-il que, d’où qu’ils viennent, les Survivants que j’ai interrogés pour les besoins de cette chronique m’ont raconté des histoires à la fois différentes et similaires. Le pire s’est produit dans les villes, ces jungles urbaines, royaumes d’asphalte, de béton et d’acier. Dès la première secousse, des lézardes étaient apparues aux frontons des monuments, de nombreux édifices avaient vacillé sur leurs bases et s’étaient abattus avec fracas. Les fontaines avaient libéré leurs flots dans les ruelles, les cloches des églises s’étaient mises à battre de façon désordonnée, les fils électriques avaient été arrachés dans des gerbes d’étincelles, les ponts s’étaient écrasés dans les fleuves, les chaussées s’étaient affaissées, pliées, tire-bouchonnées. Lorsque la poussière était retombée, il ne restait plus, pour témoigner de ce qui s’était passé, que des plaies béantes et surtout ce long silence accablé qui surligne les grandes catastrophes. Ce silence de mort que les premiers gémissements des blessés viennent troubler au bout d’une dizaine de secondes incrédules. Sous les ruines des immeubles et des tours, des morts par millions. La violence inouïe de ce que nous appelons aujourd’hui pudiquement « la Grande Catastrophe », dépassait par son ampleur tout ce que l’humanité avait connu. La nuit qui suivit, la première nuit d’un monde en déroute, fut effroyable. Partout, les rescapés pansaient leurs plaies, réduisaient leurs fractures, fouillaient les décombres, assistaient leurs mourants ou bien les pleuraient, mouraient eux-mêmes ou agonisaient sous les gravats… Une humanité entière guettait, anxieuse, chaque nouveau frémissement du sol, accueillait, soulagée, chaque accalmie, assistait, impuissante, au spectacle de son propre trépas. Une humanité entière qui attendait l’arrivée des secours sans se douter qu’ils ne viendraient jamais.

   Dès le mardi, lendemain de notre installation dans la remise, j’avais été frappé par les nuages aux reflets plombés qui parcouraient le ciel d’ouest en est. Ils semblaient formés d’une matière consistante, presque palpable, et ils se trouvaient certainement très haut dans l’atmosphère ; bien plus haut, en tous cas, que les banals cumulus auxquels ils ne se mélangeaient pas.

   Cette impression de relief ne dura pas. Des nuées sombres, de plus en plus denses, constituèrent bientôt un plafond uniforme et compact d’un violacé inquiétant. Au cours de l’après-midi, la lumière prit une teinte bizarre et irréelle, comme si la planète se trouvait enchâssée sous une immense cloche fumée. Mercredi vit la luminosité baisser encore. La haute atmosphère continuait de se charger en suies, en poussières, en miasmes de toutes sortes, et cet étrange amalgame, brassé par les vents, avança d’une heure et demie la tombée de la nuit.

   Jeudi, le soleil se leva très tard et lorsqu’il apparut enfin, ce fut comme dissimulé derrière d’épais verres de soudeur. Durant une partie de la journée, je pus suivre sa course brun-rougeâtre dans le ciel. Chaque heure voyait l’ambiance s’assombrir davantage. Le vent charriait des odeurs pestilentielles de plastique ou de caoutchouc brûlé. Les yeux piquaient, la gorge grattait. L’après-midi était à peine entamé qu’il faisait presque nuit. Le vent qui, depuis trois jours n’avait pas cessé, redoubla alors de violence. Le vacarme était assourdissant.

   À l’intérieur de l’abri, Adèle émergeait lentement de son apathie.

   La majorité des Survivants, lorsqu’ils évoquent ce phénomène qui glaça le cœur des hommes, ainsi que la période de terreur et de troubles qui s’ensuivit et qui devait régner si longtemps, disent la Longue Nuit ou la Grande Nuit. Certains, plus rares, disent tout simplement la Nuit mais sans parvenir à gommer de leur inflexion le N majuscule, teinté d’appréhension.

   Ces quelques expressions ne donnent aux nouvelles générations qu’une idée vague de ce qu’a été ce phénomène. Un scientifique qui aurait eu à disposition le matériel nécessaire l’aurait étudiée avec une jubilation gourmande. Mais les préoccupations de tout un chacun, cette semaine-là, étaient autrement plus urgentes : il fallait trouver à manger, se prémunir du froid, des secousses et des effondrements, de la menace des épidémies, et même de la stupidité de ses congénères ; bref il fallait survivre.

   À quoi pourrait-on comparer la Longue Nuit ?

   Je me souviens de la photo d’un manuel de géographie qui avait frappé mon imagination enfantine : elle représentait une ville minière du pôle où le pâle soleil disparaissait six mois durant. Un jour, quelqu’un qui a séjourné là-bas m’a affirmé que notre Longue Nuit à nous était plus sombre encore que la nuit polaire. D’autres comparent la Longue Nuit à une éclipse perpétuelle ou à un semi-clair de lune. Aucune de ces propositions ne saurait pourtant donner à ceux qui ne les ont pas connus la juste idée de ces temps maudits.

   Pendant les heures que par habitude nous continuions à appeler « la journée », il régnait désormais une grosse pénombre à laquelle nos yeux s’accoutumeraient peu à peu. La luminosité était suffisante pour nous permettre de distinguer les masses sombres des arbres, les taches plus claires des bâtiments, la silhouette trapue d’un véhicule. Il était extrêmement facile de se perdre dans la Longue Nuit et, détail supplémentaire, les boussoles n’étaient guère d’utilité : d’un mois à l’autre leurs indications se contredisaient, comme si le champ magnétique terrestre variait au gré d’une incompréhensible fantaisie. Les GPS, quant à eux, étaient devenus inopérants. En fait, seuls les plans précis, tels que les cartes d’état-major, permettaient de se repérer a minima.

   La nuit de la Longue Nuit tombait très tôt, une obscurité totale, effrayante, sombre et glacée qui s’installait pendant quinze ou seize heures d’affilée. La lune – et a fortiori les étoiles ! – avaient disparu derrière les nuées et Dieu seul savait quand on les reverrait.

   Est-il nécessaire de rappeler l’effet que produisit sur les Survivants l’installation de cette obscurité permanente ? L’homme possède, inscrite dans ses gènes, la peur du noir, cette terreur ancestrale qui remonte à la nuit des temps. C’est bien connu, avec l’obscurité les démons ressuscitent pour mourir sitôt les premiers rayons de soleil. Alors imaginez une nuit dont personne ne savait quand elle allait s’achever ! Et puis l’homme a surtout besoin de lumière, aussi bien pour sa santé physique que son moral.

   La Longue Nuit n’affecta pas seulement le moral des hommes. Elle entraînerait aussi des bouleversements majeurs dans les écosystèmes terrestres. Quinze jours de ce régime d’obscurité ont suffi à blanchir l’herbe des prairies. Faute de soleil, et donc d’activité photosynthétique, les feuilles persistantes des arbres tombèrent. Les résineux résistèrent plus longtemps, puis, vaincus, finirent à leur tour par jaunir, blanchir et leurs aiguilles s’en vinrent rejoindre sur le sol les feuilles des saules et des sureaux, laissant des forêts entières complètement dépouillées, des forêts de fantômes entremêlés dont les rares troncs ayant résisté aux tempêtes, s’élançaient vers un ciel désespérément noir.

   En toute logique, la disparition de la verdure entraîna celle des herbivores. Beaucoup d’animaux avaient été surpris à l’étable. Ceux qui n’étaient pas morts sous des enchevêtrements de bois, de tôles ou de béton s’étaient dispersés dans la nature. Épouvantés par les secousses, ils avaient erré plusieurs jours, la mamelle douloureuse, meuglant, bêlant ou chevrotant pitoyablement. Leur agonie était inéluctable. Les races domestiques de l’époque avaient presque toutes été sélectionnées sur un seul critère : la productivité. Si elles avaient été un tant soit peu plus rustiques, peut-être eussent-elles survécu, malgré le noir, malgré le froid, en se contentant de croûtons d’herbe gelée ou de feuilles d’arbres, et en fuyant les hommes, leurs prédateurs.

   Il en alla autrement pour les chats et les chiens. La plupart d’entre eux, rendus fous par la violence des secousses, régressèrent à un état semi-sauvage. Dans un premier temps, ils s’adaptèrent, n’ayant aucun mal à trouver leur pitance dans les ruines, se régalant principalement de viande humaine. Plus tard, les hommes leur donneraient la chasse. Les chiens, devenus méfiants, se regrouperaient en meutes et résisteraient ainsi jusqu’à la fin de la Longue Nuit. Certains prétendent qu’aux pires heures, les plus hardis de ces animaux n’ont pas hésité à s’en prendre aux imprudents qui s’aventuraient seuls hors des abris. Aujourd’hui encore, dix ans après les événements, on aperçoit parfois l’une de ces meutes hétéroclites traversant silencieusement une prairie ou longeant un cours d’eau, l’œil injecté et la babine retroussée, à la recherche d’une proie facile. Même armé, mieux vaut alors passer son chemin ou grimper à l’arbre le plus proche.

   Tous ces bouleversements épouvantables ont poussé certains rescapés au suicide, dit-on, mais ce phénomène est resté marginal, selon moi. L’humanité possède en elle le gène du vivre-à-tout-prix. La nuit, cette Longue Nuit qui était cause de tous nos malheurs, a eu au moins un avantage : celui de nous dissimuler la réalité. Tout se dégradait, tout mourait, les prairies devenaient d’ivoire, les arbres se desséchaient, les bêtes agonisaient, mais nous n’en voyions rien, nous n’en entendions rien. Les images de mort et les cris d’épouvante se perdaient parmi les hurlements de la tempête. Tout était occulté ; même l’odeur des millions de cadavres en décomposition fut balayée par les vents, noyée parmi les odeurs d’incendie puis figée par le froid qui succéda. La sinistre réalité ne nous apparaîtrait que progressivement et plus tard, bien plus tard, à petites touches, nous laissant le temps de nous y accoutumer.

La Longue Nuit  - Pierre-Guy Laurier

ISBN :  

978-2-9563606-0-5

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